Le quatrième Congrès universel de l’esperanto qui tint ses assises à Dresde, du 16 au 22 août dernier, fut une suite de manifestations grandioses, qui prouvèrent à nouveau la vitalité et les progrès de notre langue.
Nous ne pouvons, à cause du manque de place, retracer par le menu cet ensemble de faits précieux et encourageants,dont nous trouvons un intéressant récit dans la "Revuo" d’octobre, sous la signature de Carlo Bourlet, président de la Fédération des Groupes de Paris. Nous ne pouvons pas même reproduire ici les comptes rendus des grands quotidiens, ni de l’Étoile Espérantiste !
Disons tout de même un mot des faits les plus frappants. Tout d’abord le Congrès, a été placé sous le patronage officiel de S.M. le Roi de Saxe. Le Comité d’honneur, en outre, était composé de quatre ministres du royaume, du bourgmestre de la ville, puis des ambassadeurs et consuls des diverses nations représentées à Dresde, et d’autres notabilités au nombre de soixante-dix.
Le Congrès fut ouvert au "Vereinshaut" magnifiquement décoré. À l’entrée dans la salle, le Dr Zamenhof était encadré par les deux représentants officiels du royaume : le conseiller secret Dr Lange et le bourgmestre en chef conseiller financier Beutler ; puis suivi des organisateurs et des éminents représentants de l’espérantisme mondial, parmi lesquels on remarquait : le major Straube et le Dr Shimoura, délégués officiels des gouvernements des États-Unis et du Japon. Près de 2 000 espérantistes avaient répondu à l’appel de leurs camarades allemands.
À l’ouverture de la séance, M. le Dr Lange, au nom du Ministre du Culte et de l’Instruction publique et du Ministre de l’Intérieur, puis M. le bourgmestre Beutler, au nom de la ville de Dresde, souhaitèrent la bienvenue aux Congressistes et se déclarèrent nettement partisans de l’esperanto.
Le Dr Zamenhof prononça ensuite un discours très élevé, puis on entendit ensuite les allocutions en esperanto des délégués de 35 langues différentes. À remarquer celles des délégués de diverses associations internationales telles que la Croix-Rouge de Genève, le Bureau international de la Paix de Berne, etc.
Enfin, il y eut des télégrammes de S.M. Guillaume II, de S.A. le Duc de Connaught, frère du roi d’Angleterre, lesquels ont assuré le Congrès de toute leur sympathie.
À l’audition de toutes ces déclarations faites sans différence sensible de prononciation, il était impossible de se défendre d’un mouvement d’émotion. La confiance dans le succès de notre cause gagnait tous les coeurs devant cette preuve décisive et irréfutable de l’efficacité de l’esperanto comme langage mondial et de son utilité comme moyen d’intercompréhension internationale.
Aussi l’enthousiasme fut-il à son comble en cette première journée, et notre respecté maître, le Dr Zamenhof dut être profondément touché de toutes ces manifestations de fidélité et de reconnaissance.
Les séances suivantes furent consacrées à divers travaux dont nous aurons ultérieurement l’occasion de reparler plus en détail.
En dehors des séances officielles, il y eut des réunions par spécialités. C’est ainsi que travaillèrent séparément : les libres-penseurs, les théologiens, les francs-maçons, les médecins, les pacifistes, les marins, les juristes, les commerçants, les étudiants, les instituteurs, les policiers, les croix-rougistes, les journalistes, les sténographes, les socialistes, etc, etc.
Puis vinrent les réjouissances : représentations théâtrales d’amateurs et de professionnels, concerts, illuminations décorations et pavoisements, etc., voyages à Berlin et à Copenhague, où les congressistes ont été chaleureusement accueillis,etc, etc.
Disons, pour terminer, que l’an prochain, nous aurons très probablement deux Congrès, l’un à Barcelone, l’autre à Chautauqua (Amérique), et souhaitons à ces Congrès un succès égal à celui de Dresde.